Origine et développement du taijiquan

Le terme "taiji", qui vient du Livre des Mutations des Zhou, signifie le Suprême, l'Extrême, l'Absolu, l'Unique. La boxe taiji a le même sens. Vers la fin du XVIIIe siècle, Wang Zongyue, maître de wushu originaire du Shanxi, écrivit un livre intitulé « A propos du taijiquan » dans lequel il applique les principes de la philosophie du yin et du yang extraits du Livre des Mutations pour expliquer la boxe taiji. Depuis, le terme taijiquan (boxe Taiji) est largement utilisé. Les opinions divergent sur l'origine et le fondateur de la boxe. Taiji. En voici quatre versions:

1. L'origine remonte au village de Chenjiagou

Ceux qui partagent cette opinion croient que le taijiquan a été créé par Chen Wangting vers la fin de la dynastie des Ming ( 1368-1644). Leurs représentants sont Tang Hao et Gu Liuxin, célèbres chercheurs de l'histoire du wushu (arts martiaux). M. Tang a tiré cette conclusion à la suite des investigations qu'il a menées au village de Chenjiagou, district de Wenxian, province du Henan, et en se référant aux Annales du district et au Registre généalogique de la famille Chen. Selon ce registre, Chen Wangting était "maître de boxe de style Chen et fondateur du jeu de l'épée et de la lance". Comme les différentes écoles du taijiquan sont originaires ou héritières de la boxe de style Chen, cette version jouit d'une grande autorité et prédomine, depuis longtemps, dans le milieu du wushu.

2. Le taijiquan fut créé par Zhang Sanfeng

Cette version de longue date était vraisemblablement l'opinion traditionnelle avant que la première version ne se soit répandue. il est dit dans le Livre complet sur les exercices du Taijiquan écrit par Yang Chengfu (1883-1936) que Zhang San¬feng créa le Taijiquan vers la fin de la dynastie des Song (960-1279) et la transmit à Wang Zongyue, Chen Zhoutong, Zhang Songxi et Jiang Fa. Encore plus tôt, Li Yishe ( 1832-1891 ) écrivit dans sa Brève introduction sur le taijiquan: "Le taijiquan fut fondé par Zhang Sanfeng des Song." Encore de nos jours, certains partagent ce point de vue.

Le taijiquan fut créé par Wang Zongyue

Wang Zongyue, qui vécut sous les Qing ( 1644-1911 ), occupe une place importante dans l'histoire du taijiquan et son rôle a été reconnu par les maîtres des différentes époques. Son livre A propos du taijiquan a beaucoup contribué à la propagation du nom de cette boxe et constitue son fondement théorique. Du fait que Wang Zongyue a pour la première fois exposé la théorie et les techniques du taijiquan de manière systématique, certains croient qu'il en est le créateur en faisant le bilan des expériences de ses prédécesseurs. Il est consigné dans des documents que Wang Zongyue transmit le taijiquan à Jiang Fa et ce dernier le transmit à Chen Changxing, habitant du village de Chenjiagou.

4. La boxe taiji vient des monts Wudang

Le wushu a des rapports étroits avec la religion. De là vient la version selon laquelle le taijiquan a pris sa source dans les monts Wudang haut lieu du taoïsme. Les partisans de cette version estiment que l'alchimie est une part importante du taoïsme chinois et que les prêtres taoïstes des monts Wudang créèrent la boxe en partant des exercices qu'ils avaient accumulé lors de la pratique du repos et en combinant les méthodes, telles que le tuna (expiration et inspiration) et le daoyin (conduction mentale de l'énergie vitale). C'est donc l'une des anciennes méthodes qui visent à ménager la santé de l'homme. Elle permet de « draguer » les méridiens et de régulariser l'énergie et le sang en vue de combattre les maladies et de prolonger la vie. Ayant absorbé les meilleures techniques des autres boxes, le taijiquan est devenu une méthode de combat efficace.

Bien qu'il existe encore des controverses à propos de l'origine du taijiquan et de son fondateur, cela n'empêche point de reconnaître les principes sur lesquels se fonde et se développe cette boxe.

A. La philosophie classique chinoise comme fondement théorique.

Le taijiquan, l'une des boxes les plus importantes du Wushu chinois, revêt des originalités propres et est très populaire. Des milliers et des milliers de gens le pratiquent et l'étudient, du fait qu'il leur permet de renforcer leur santé, de se défendre et de cultiver leur caractère, et qu'il est le reflet d'une profonde philosophie.

L'unité des contraires yin (négatif) et yang (positif) est l'essentiel de la philosophie classique chinoise. Il est dit dans le Livre des Mutation: "Yin et Yang constituent la Loi". Tout changement qui se produit dans l'univers n'est qu'une manifestation ou un résultat inévitable, d'où dérivent bon nombre de concepts contraires, tels que mouvement et repos, fermeté et douceur, avance et recul, ouverture et fermeture, contraction et extension, tension et détente, restriction et développement. Ce sont les manifestations des changements du yin et du yang dans le taijiquan. Il y a encore d'autres expressions de l'union des contraires comme par exemple: "la douceur englobe la fermeté, "l'ouate renferme l'aiguille" le repos est accompagné du mouvement, "yin et yang sont interdépendants". Les deux éléments contraires s'opposent tout en dépendant l'un de l'autre. Dans son ouvrage « A propos du taijiquan », Wang Zongyue souligne que la boxe taiji est basée sur le changement des relations entre le mouvement et le repos, entre yin et yang.

Du wuji au taiji" est un principe fondamental du taijiquan

Dans la Chine antique, l'idée du wuji (Sans Pôle) était symbolisée par un cercle avec un espace blanc au milieu, symbole du chaos (ou état primitif de l'Univers) avant que la terre ne soit séparée du ciel et yin de yang. Dans le taijiquan, cette idée est concrétisée par la position de départ -l'esprit et le corps forment un tout, qui prélude au changement de yin et de yang. Le diagramme du taiji est un cercle. Les mouvements du taijiquan sont représentés par des petits ou grands cercles, des ovales, des demi-cercles, des arcs et des spirales. Les mouvements doivent être enchaînés en douceur. Ils semblent courbés ou fermés, mais sans l'être en réalité. La succession des cercles et des arcs représente l'image du wuji. Les praticiens du taijiquan doivent avoir un esprit serein et être débarrassés de toute pensée comme dans un univers immense et calme. "Du wuji au taiji", telle est la notion fondamentale et l'essentiel du taijiquan dont la pratique exige que l'on fasse les mouvements circulaires avec l'intention au moyen du qi (énergie vitale). Ceux-ci sont divisés en deux parties: cercles intérieurs et cercles extérieurs. Les premiers signifient que la circulation du qi doit être douce et naturelle, et qu'il faut se garder de retenir son souffle ou de gonfler l'abdomen; les deuxièmes désignent les mouvements des membres du corps. Ces "mouvements circulaires" sont définis par les maîtres des différentes époques après des recherches sur les principes philosophiques du Livre des Mutations, et ils constituent la quintessence du taijiquan.

La philosophie traditionnelle chinoise souligne l'harmonie et l'unité entre l'Homme, la terre et le ciel. Le taijiquan fait valoir cette pensée philosophique dans la posture droite, la détente, l'aisance, la douceur et la souplesse. Les positions essentielles sont: maintenir la tête droite, fondre la poitrine, arrondir légèrement le dos, baisser les épaules et les coudes, détendre l'abdomen et la taille, basculer le bassin, fléchir les genoux et faire des pas légers et souples. Il est à noter que ces mouvements traduisent précisément les principes de l'harmonie et de l'unité entre le taijiquan et la Nature.

B. Combiner la boxe avec les exercices de daoyin et de tuna

Les exercices de daoyin (conduction mentale de l'énergie vitale) et de tuna (expiration et inspiration) sont les vieilles pratiques de santé chinoises. Le "jeu des Cinq animaux" créé par Hua Tuo, médecin renommé de la fin de la dynastie des Han (206 av. J.-C. - 220 apr. J.-C.) consiste à imiter les mouvements des animaux tout en les associant aux exercices respiratoires. Les mouvements coordonnés des mains, des yeux, du corps et des pieds qui se combinent avec les techniques de dooyin et de tuna aboutissent à une association parfaite de l'esprit, de La respiration et des gestes pour devenir une pratique interne.

C. Combiner le wushu (arts martiaux) avec la théorie des méridiens de la médecine traditionnelle chinoise

Les méridiens sont d'une structure spéciale faisant partie du corps humain. Ils s'entrecroisent dans les différentes parties du corps et forment un tout organique. Bien qu'on n'ait pas encore trouvé de preuves anatomiques, la science moderne a déjà confirmé leur existence sous différents aspects. Basés sur les principes de la théorie des méridiens, les mouvements enchaînés du taijiquan sont exécutés en rotations ou en spirales. Lors de la pratique, on marche sur une trajectoire arquée en associant fermeté et souplesse: On fait circuler le qi par la pensée à partir du dantian (champ du cinabre) qui se trouve au bas-ventre jusqu'aux quatre membres; et on fait mouvoir les membres avec la taille comme pivot. Ces mouvements permettent d'accélérer la circulation du qi et du sang et aident à traiter les maladies et à renforcer la santé.

La théorie du taijiquan commença à se perfectionner à partir de Wang Zongyue qui écrivit A propos du taijiquan. Plus tard, d'autres écrits l'enrichirent, tels que «Treize mouvements et positions , Treize mouvements, Formule chantée des treize mouvements, Points principaux sur la poussée des mains, vers composés sur la poussée des mains, Formule en cinq caractères.

Depuis la fondation de la République populaire de Chine en 1949, le taijiquan s'est développé rapidement et a été porté au programme national des épreuves du wushu. Très populaire en Chine, il a gagné plus de 30 pays et territoires. Lors des XIe Jeux asiatiques tenus en 1990 à Beijing, le taijiquan est devenu une épreuve proprement dite.

" Entendre ou lire sans réfléchir est une occupation vaine ; réfléchir sans livre ni maître est dangereux "

" 学而不思则罔，思而不学则殆 "

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